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Archives par mot-clef : jardin
Un lapin pas très malin
A l’heure où bourdonnent les abeilles,
Derrière la butte, bougent deux oreilles.
Qu’y a-t-il en dessous ?
Ici, on peut s’attendre à tout.
Sur la chaussée, un lapin ?
Il ne serait pas très malin.
Quelque bique en vadrouille
Qui n’a vraiment pas la trouille ?
Ou bien alors un chien ?
D’où je suis, je ne vois pas bien.
Un reflet auburn et acajou :
C’est un renard tout roux !
Méfiant, son museau relevant
Il hume le vent
Et fixe avec raison
L’intérieur de la maison.
Il aimerait, dans le jardin, entrer,
Mais sans le montrer.
Il veut, mais n’ose pas
Il avance à petits pas.
Il longe la route en rampant
Quelle ruse, sacré chenapan !
A raté le but qu’il s’était fixé
Une fois le portail dépassé.
Quelques instants plus tard,
Il n’y tient plus et revient
Toujours l’air de rien,
Comme par hasard.
En fait, sans payer de loyer,
Il voulait dans le jardin
Y creuser son terrier
Sous les noisetiers. Quel gredin !
La maison dans la Sarthe
La G…
Je me rappelle le premier jour. Son chemin qui descend, bordé d’arbres a éveillé ma curiosité et mon intérêt. J’étais peut-être enfin arrivée à bon port. Au détour du chemin, par-delà la grange, la maison m’est apparue avec son air de guingois, ses toits tantôt d’ardoise, tantôt de tuile, tantôt de tuiles et d’ardoises, ses murs en pierres apparentes, ses différents niveaux sur le terrain en pente. Et incrédule après tant de temps de recherche, je reçus comme un coup au coeur. Lorsque je suis entrée dans la maison, par la cuisine, cette attirance est devenue une réelle joie. Il fallait que j’appelle les enfants.Depuis, j’ai connu le pire : le sol spongieux du jardin, l’eau qui s’infiltre dans la maison et coule dans le salon m’ont fait comprendre que, comme dans toute relation, il allait falloir retrousser ses manches. Et telle une personne vénale, elle m’a fait engager des sommes importantes pour l’amadouer.Elle sait aussi se faire aguicheuse : les reflets du soleil sur la tommette se réfractant, oranges, sur les murs, tels un maquillage, les petits craquements des accoudoirs en bois des fenêtres aux moindres changements de température, tels des murmures, ne cessent de me séduire.
Dans le jardin, les lièvres sont assis. Surpris de ma présence, après un bref échange de regards, ils décampent alors que je reste médusée de leur culot. Au printemps, les trilles des alouettes des champs survolant le jardin se mêlent aux crissements des mésanges charbonnières perchées dans le saule pleureur ou le noyer et aux cliquetis aigus des bergeronnettes accrochées au toit, au-dessus de la flaque de la gouttière. En automne, les écureuils affairés montent et descendent le tronc du cèdre et s’affairent sur le terrain à la recherche de quelque noisette. Régulièrement, je suis avertie de l’approche du faisan par son cri rauque. Il traverse, superbe, de son pas tranquille, la route et le jardin et préfère, au vol, les escaliers qui longent la maison. Il ne s’agite que pour battre des ailes et pousser son « coc, coc » assourdissant. Ses poules faisanes, telles des hystériques, s’affolent et s’envolent en criaillant à mon approche.
Le soir, les chauves-souris, comme répondant à un imperceptible signal, sortent de conserve de dessous le toit de la grange. Elles partent à la chasse aux moustiques. C’est l’heure où le moindre bruit porte. Parfois, une forte vibration résonne dans la maison. Je ne sais pas encore si c’est le bruit de l’araignée en train d’emmailloter une mouche à toute vitesse ou de la mouche qui se débat sans pourtant pouvoir bouger.
Et la nuit, bien que la maison soit totalement isolée, je m’y sens à l’abri, comme dans un nid, je m’y love avec délice. Je ne désespère pas d’entendre un jour au-dessus de ma tête le pas de la chouette qui se réveille.
Le coup de foudre que j’ai ressenti envers cette maison s’est transformé. Vous pouvez ne pas être d’accord sur ses qualités mais moi je sais ce qu’elle vaut. J’ai confiance en elle. Je m’y retrouve et m’y découvre. J’y ressens une plénitude sereine et vous invite à y faire de même.