Archives de catégorie : Emotions

Pantoum pour Jacinta

Jacinta nous apprend le chant
Patiente et drôle à la fois.
Le chœur répète en rabâchant.
C’est dur l’hiver quand il fait froid.

Patiente et drôle à la fois
Elle motive et fait le pitre.
C’est dur l’hiver quand il fait froid
De l’autre côté de la vitre.

Elle motive et fait le pitre.
Au grand jamais ne désespère.
De l’autre côté de la vitre
Dehors baisse la lumière.

Au grand jamais ne désespère.
Elle nous prend pour ses enfants
Dehors baisse la lumière
Nous chantons en nous réchauffant.

Elle nous prend pour ses enfants
Les mélodies elle défriche.
Nous chantons en nous réchauffant.
Bien prononcer le yiddish.

Les mélodies elle défriche.
Elle est toute attentionnée.
Bien prononcer le yiddish
Nous ne devons plus annoner.

Elle est toute attentionnée
Altos, sopranos elle anime.
Nous ne devons plus annoner.
Il faut qu’enfin l’âme s’exprime.

Altos, sopranos elle anime.
Lorsque le soleil va couchant.
Il faut qu’enfin l’âme s’exprime.
Jacinta nous apprend le chant.

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Le doute

Comme dirait le poète,
« Il suffit de traverser le pont ».
Mais pourquoi, comme dans la chansonnette,
Franchir les frontières d’un bond ?

Au propre comme au figuré,
Moi je préfère l’entre-deux
Avant que de m’aventurer
Dans un monde hasardeux.

Attendre entre deux berges,
Observer les mondes possibles,
Pour, de toute idée préconçue vierge,
Avancer vers plus tangible.

Artémis, déesse des limites,
Doit veiller sur moi depuis longtemps
Car indéfiniment j’hésite
Et piétine, me consultant.

L’heure avance sur ma montre,
Mais je reste ainsi entre deux rives
A peser le pour et le contre
Cependant que les gens vivent.

Pour profiter de la vie,
A présent il est trop tard
Même si j’en ai envie.
Ah que n’ai-je écouté Ronsard !

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Au secours, papa, j’ai peur !

« Au secours, papa j’ai peur ! »
Tu m’étudies de ce regard qui me broie.
J’ai l’impression que je me noie.
Pour moi c’est le déshonneur.

Tu es là, près de moi, pour me rassurer,
Mais ton regard acéré
Me donne envie de retirer
Les mots que j’ai osé murmurer.

Ton regard d’amabilité
Ce matin plein d’adoration,
Cet après-midi, de déception,
S’est empli de dureté.

Je te reconnais,
Avec toi rien ne peut m’arriver.
Mais je suis désarçonnée
Par cette lueur que j’ai trouvée.

Je t’ai déçu,
Et je crains que ça ne soit qu’un aperçu.
Comment faire pour remonter le temps
Et effacer ce qui te change tant ?

Tu me réponds sans un sourire
« La peur n’a jamais rien évité ».
Ces mots, je ne peux plus te les dire,
Mais ne cesse pourtant de me les répéter.

L’aide ne viendra pas de toi
Mais je ne comprends pas pourquoi.
Toi qui a toujours tout pu…
Le charme est comme rompu.

Ce jour-là, sans vraiment réaliser,
Je venais de deviner
Une dureté canalisée,
Insoupçonnée.

Comment pouvais-je comprendre
Le tourment qui en permanence t’affligeait ?
Cette autre famille que tu n’avais pu protéger
Et qui malgré toi n’avait pu se défendre.

Avec ces simples mots d’enfance,
J’avais, en pleine journée, ranimé
Ce que chaque nuit, avec lancinance,
Tu revivais et qui te consumait :

Des wagons plombés cendreux,
D’où tu étais revenu sans eux.

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Migraine, c’est la haine

Ça commence dans la nuit par un mal de tête.
Tu te dis dans le sommeil :
« Demain, ça ne sera pas pareil »
Et tu te rendors. Mais à chaque fois ça se répète.

L’inévitable batterie sourde
Tape à ta tempe.
Ta tête devient lourde,
Sueurs froides. Tes draps tu trempes.

C’est déjà trop tard pour bouger
Mal au cœur, nausées :
Gueule de bois sans alcool.
Pour oublier, tu te fais toute molle.

Surtout chaque seconde,
Te fermer au monde :
Yeux, bouche, oreilles
Pour éviter que toute agression ne t’atteigne.

Essayer de dormir
Tu vas tenir, encore tenir.
Te dire que le présent va passer
Que plus tard ça va cesser.

A force de médicaments
Tu te remets lentement
Tu reviens à la vie
Encore toute estourbie.

Que la vie est belle !
L’oublier est vraiment trop bête.
Il faut que je me le rappelle
Quand ça s’arrête.

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Samedi, ça me dit pas

En débraillé,
Echevelée,
Absorbée devant la télé,
Je m’laisse aller.

Week-end gris tout pourri.
Fi de toute coquetterie !
Avec gloutonnerie,
J’avale des calories.

De ma vie, je fais un mélodrame
Et derrière les kilogrammes
Je cache les bleus de mon âme.
C’est sûr, je finirai comme un hippopotame !

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Tactique informatique

Mon aimé,
Je t’avais sublimé.
Bug dans mon cœur !
Problème d’adaptateur ?
Non, erreur de programme !
Depuis, ça rame !
Je change d’interface,
De ma mémoire je t’efface.
Nouvel environnement graphique,
Depuis, je suis euphorique.
Avec toi, plus de connexions.
Si tu désires à nouveau t’abonner,
Si, avec moi, tu veux échanger des données,
Un peu de douceur et de réflexion.
Change de langage de programmation.
Ecris donc un nouveau protocole de communication !

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Dépendance

Chantonnant, nez en l’air,
J’avançais rêveuse et légère
Ignorant qu’en un clin d’œil
De mon autonomie je ferai le deuil.

Heureusement, nous sommes ainsi faits
Qu’il nous est impossible de voir venir
Les maux que nous prépare l’avenir
Ou nous vivrions catastrophés.

Dur retour à la réalité
Lorsque j’ai vu le trottoir
S’approcher avec célérité.
Pas le temps de m’émouvoir.

Oui, mais ça a craqué
Et ma vie a bifurqué.
Oh pas définitivement,
Mais suffisamment.

Assez pour comprendre
Ce que c’est que de dépendre
Des autres. Soudain se sentir vieux
Même si c’est pour aller mieux.

Sans cesse avoir l’impression de déranger
Mais demander de l’aide pour pouvoir se laver
Et s’habiller sans rien aggraver.
Attendre, comme un enfant, pour manger.

Se vouloir discret, se vouloir indulgent
Devant la perte de temps pour l’entourage.
Mais en même temps se savoir exigeant
Plein de douleurs, plein de rage.

Ravaler son amour-propre mal placé
Devant toute cette sollicitude.
Cette étape va bientôt être dépassée
Bientôt, on retrouvera ses petites habitudes.

En fait, on m’a aidée sans retenue
Et sans cette chaîne de générosité
Alors que j’étais accidentée,
Je ne sais ce que je serais devenue.

Il n’est pas toujours facile d’aider
Mais je sais à présent que d’être dépendant,
D’être de soi dépossédé,
L’est encore moins cependant.

Faire intervenir des institutions
Ne devrait être que l’unique solution
Pour qu’avec nos proches à nos côtés
Nous puissions vivre en toute égalité.

Avoir autre chose à leur offrir,
Que l’on soit ou non introverti,
Que la vue d’un corps décati
Même si par amour ils peuvent le souffrir.

Et sans arrière-pensée qui trotte
Pouvoir rester tête haute
Et n’avoir plus avec eux
Que des échanges affectueux.

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