Archives de catégorie : Campagne

Remue-ménage dans la cheminée

Bruit de gouttes qui tombent dans l’âtre.
Pleut-il dehors ? Il a fait lourd toute la journée.
Contre un nuage de fourmis ailées j’ai dû me battre ;
A présent, j’aimerais enfin traîner.

Bruit de pierre qui cogne la lèchefrite.
Y aurait-il un problème dans la maison qui m’abrite ?
Déjà le toit de la grange paraît tout rongé
Et à le réparer je venais d’y songer.

Une souris viendrait-elle courir et valser
Au milieu des rondins dans la cheminée ?
Vraiment, je commence à en avoir assez :
Je ne vois rien de la plaque aux chenets.

Voici qu’à présent de la suie est en train de tomber.
Peut-être parce qu’hier j’avais fait une grande flambée ?
Je me penche et regarde vers le conduit
Mais je ne vois rien : juste au-dessus c’est la nuit.

Et la voici, enfin, qui émerge du manteau !
Finie la devinette, ça n’est pas trop tôt !
Une pipistrelle qui, sans doute, avait trop bu
A joué le Père Noël en août. On aura tout vu !

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Maison de vigne

Une petite maison
Sans tuffeau ni ardoise
Une petite maison
Pas très bourgeoise.

Posée sur le coteau
Comme un château
Mais sans barrières,
Humble comme chaumière.

Abri pour des outils
Refuge des viticulteurs
Contre la pluie, la forte chaleur
Quand le travail ralentit.

On y partage le casse-croûte :
Rillettes et saucissons,
Côteau-du-Loir et Jasnières sans doute,
Entre amis, sans façons.

Et lorsqu’elle est désertée
De toute activité
Les amoureux s’y enlacent,
Tendrement s’y embrassent.

Une maison de vigne
Toujours nous fait signe.
On y va en toute saison
Quelle qu’en soit la raison.

Modeste apparition
Chargée de souvenirs.
Réceptacle d’émotions,
De travail, câlins et rires.

Je l’avais oubliée
Sans que je le sache.
Mais sur ce ciel d’orage acier,
Blanche, elle se détache.

Et perdue dans un autre temps,
Tel un cep, je reste plantée
A l’observer en cette fin d’été,
Étonnée de la reconnaître tant.

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Mes voisines

Je ne veux pas vous effrayer
Mais il faut bien vous le dire :
Je vais vous affranchir,
Nous sommes surveillés.

Il suffit que nous allions dans le jardin,
Elles arrivent à côté, l’air de rien.
Dans la cuisine, nous les voyons paraître
Et nous regarder par la fenêtre.

Elles ne sont pas hostiles,
Mais ont vraiment un drôle de style
Quand elles mâchouillent quelque feuille,
La mèche tombant sur l’œil.

Même lorsque je me mets au piano,
Sans être parano,
Je les sens tendre l’oreille.
Mes voisines nous surveillent.

Elles se déplacent en groupe
Et un jour, il faudra bien clore
Le jardin ou ces pécores
Viendront manger notre soupe.

Venez, si vous acceptez,
Je vais vous les présenter.
Pour l’instant elles se cachent
Mes voisines, les vaches.

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Espoir de les revoir

Ce soir deux hirondelles
Sont venues à tire d’ailes
Elles ont décrit quelques ronds
Au plafond du salon.

Les fines mouches
Voulaient y faire souche.
Pouvaient-elles vraiment s’y fier
Pour y nidifier ?

En fait, elles s’y voyaient déjà
Un peu de boue et de salive
Accroché aux solives
Pour un joli résultat !

Elles semblaient emballées,
Mais ce ballet j’ai fait cesser
En baissant le volet
Pour qu’elles ne puissent se blesser.

Depuis lors, ça me démange
D’enlever de la grange
Le haut de la porte
Pour qu’elles entrent et sortent

Et retrouver, fascinée,
De leurs trilles le son
Que nous écoutions à Marçon
Où nous allions nous promener.

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La maison dans la Sarthe

La G…

Je me rappelle le premier jour. Son chemin qui descend, bordé d’arbres a éveillé ma curiosité et mon intérêt. J’étais peut-être enfin arrivée à bon port. Au détour du chemin, par-delà la grange, la maison m’est apparue avec son air de guingois, ses toits tantôt d’ardoise, tantôt de tuile, tantôt de tuiles et d’ardoises, ses murs en pierres apparentes, ses différents niveaux sur le terrain en pente. Et incrédule après tant de temps de recherche, je reçus comme un coup au coeur. Lorsque je suis entrée dans la maison, par la cuisine, cette attirance est devenue une réelle joie. Il fallait que j’appelle les enfants.Depuis, j’ai connu le pire : le sol spongieux du jardin, l’eau qui s’infiltre dans la maison et coule dans le salon m’ont fait comprendre que, comme dans toute relation, il allait falloir retrousser ses manches. Et telle une personne vénale, elle m’a fait engager des sommes importantes pour l’amadouer.Elle sait aussi se faire aguicheuse : les reflets du soleil sur la tommette se réfractant, oranges, sur les murs, tels un maquillage, les petits craquements des accoudoirs en bois des fenêtres aux moindres changements de température, tels des murmures, ne cessent de me séduire.

Dans le jardin, les lièvres sont assis. Surpris de ma présence, après un bref échange de regards, ils décampent alors que je reste médusée de leur culot. Au printemps, les trilles des alouettes des champs survolant le jardin se mêlent aux crissements des mésanges charbonnières perchées dans le saule pleureur ou le noyer et aux cliquetis aigus des bergeronnettes accrochées au toit, au-dessus de la flaque de la gouttière. En automne, les écureuils affairés montent et descendent le tronc du cèdre et s’affairent sur le terrain à la recherche de quelque noisette. Régulièrement, je suis avertie de l’approche du faisan par son cri rauque. Il traverse, superbe, de son pas tranquille, la route et le jardin et préfère, au vol, les escaliers qui longent la maison. Il ne s’agite que pour battre des ailes et pousser son  « coc, coc » assourdissant. Ses poules faisanes, telles des hystériques, s’affolent et s’envolent en criaillant à mon approche.

Le soir, les chauves-souris, comme répondant à un imperceptible signal, sortent de conserve de dessous le toit de la grange. Elles partent à la chasse aux moustiques. C’est l’heure où le moindre bruit porte. Parfois, une forte vibration résonne dans la maison. Je ne sais pas encore si c’est le bruit de l’araignée en train d’emmailloter une mouche à toute vitesse ou de la mouche qui se débat sans pourtant pouvoir bouger.

Et la nuit, bien que la maison soit totalement isolée, je m’y sens à l’abri, comme dans un nid, je m’y love avec délice. Je ne désespère pas d’entendre un jour au-dessus de ma tête le pas de la chouette qui se réveille.

Le coup de foudre que j’ai ressenti envers cette maison s’est transformé. Vous pouvez ne pas être d’accord sur ses qualités mais moi je sais ce qu’elle vaut. J’ai confiance en elle. Je m’y retrouve et m’y découvre. J’y ressens une plénitude sereine et vous invite à y faire de même.

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