Un drôle d’oiseau

Il est tôt. Le soleil apparaît
Et progressivement transparaît
Comme au lever d’un rideau,
Son quotidien cadeau.

Mais ce matin sur le toit d’en face,
Quelque chose d’insolite,
Une impression fugace,
Arrête mon regard bien vite.

Il suffisait de peu que je la loupe.
Mais sur fond rosé, une ombre se découpe.
Étonnée, je me suis levée
Afin de mieux l’observer.

Hiératique, surplombant toits et nids,
Largué par un mystificateur
Se réjouissant en catimini
De la surprise des observateurs,

Ou, comme Izo,  arrivé, avec l’onde,
Sans passé, sans mémoire,
Perméable comme buvard
Aux bonheurs nostalgiques du monde,

Il est assis, Robinson, sur son île
Observant fixement l’horizon ;
Défiant la hauteur et l’inclinaison
Du toit ; on ne peut plus tranquille.

Loin de la foule inquiète
Qui, ses moindres gestes, guette,
Il inspire profondément et s’émerveille
De tout ce qui, en dessous, s’éveille.

Puis il se redresse, et se met à bailler
Car voici l’heure d’aller travailler.
Au fait, il faut vous dire que ce glaneur
De beautés est dans la vie un ramoneur.

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3 réponses à Un drôle d’oiseau

  1. eleonor dit :

    j’aime bien ce drôle d’oiseau.
    un sacré métier que celui qui domine le monde, loin de la ville et pourtant dans sa rumeur.
    Comme il a du être heureux l’espace d’un moment, seul ou presque….le dos tourné à ta vie.

  2. Jasnièrane dit :

    Oui effectivement. Il avait « le » point de vue le meilleur du quartier et qui semblait convenir à son état d’âme. Mais je dois t’avouer qu’en fait la réalité a été autre : Je m’étais inquiétée car, je ne sais pas pour toi, mais moi quand je vois un homme sur un toit, comme ça sans bouger, la première idée qui me vient n’est pas qu’il profite des beautés de la vie mais qu’il fait un bilan et veut la quitter. Bref, je dois avouer que j’ai un peu ameuté le quartier et c’est ainsi que j’ai appris par la gardienne de l’immeuble sur lequel il siégeait qu’il était ramoneur et qu’il attendait son collègue. J’ai quand même eu le temps de petit déjeuner, de faire ma toilette, de le photographier. En fait, je suis partie au bureau avant qu’il ne bouge. Il a commencé serein sa journée et moi j’ai eu mon petit coup d’adrénaline. J’étais vidée avant d’aller travailler. Quelques mois après, ça a donné ce texte qui aurait pu devenir autre un autre jour.

  3. FELIPECHE dit :

    Super, que dire de plus, j’ai adoré le texte, et le cliché est hors du commun, pour moi, il image bien ce qu’est la liberté et le rêve, bravo à toi
    amicalement

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