« Au secours, papa j’ai peur ! »
Tu m’étudies de ce regard qui me broie.
J’ai l’impression que je me noie.
Pour moi c’est le déshonneur.
Tu es là, près de moi, pour me rassurer,
Mais ton regard acéré
Me donne envie de retirer
Les mots que j’ai osé murmurer.
Ton regard d’amabilité
Ce matin plein d’adoration,
Cet après-midi, de déception,
S’est empli de dureté.
Je te reconnais,
Avec toi rien ne peut m’arriver.
Mais je suis désarçonnée
Par cette lueur que j’ai trouvée.
Je t’ai déçu,
Et je crains que ça ne soit qu’un aperçu.
Comment faire pour remonter le temps
Et effacer ce qui te change tant ?
Tu me réponds sans un sourire
« La peur n’a jamais rien évité ».
Ces mots, je ne peux plus te les dire,
Mais ne cesse pourtant de me les répéter.
L’aide ne viendra pas de toi
Mais je ne comprends pas pourquoi.
Toi qui a toujours tout pu…
Le charme est comme rompu.
Ce jour-là, sans vraiment réaliser,
Je venais de deviner
Une dureté canalisée,
Insoupçonnée.
Comment pouvais-je comprendre
Le tourment qui en permanence t’affligeait ?
Cette autre famille que tu n’avais pu protéger
Et qui malgré toi n’avait pu se défendre.
Avec ces simples mots d’enfance,
J’avais, en pleine journée, ranimé
Ce que chaque nuit, avec lancinance,
Tu revivais et qui te consumait :
Des wagons plombés cendreux,
D’où tu étais revenu sans eux.